Inverno, e Accorder: Poèmes – Eugène Guillevic

 

Une idée comme ça :
Le soleil
Est le fruit
Préféré de la terre.

 
 

Winter Tree – Maki Haku

 

Inverno
 

1

 

È come scritto
tra cielo e terra, nel grigio,

 
 

iscritto su qualcosa
proprio del cielo e i suoi sobborghi.

 
 

Non resta
che decifrare.

 
 

In sé stessi soprattutto,
probabilmente.

 
 

Cercare
a che consacrarsi.

 

3

 

Vi sarebbe solo da aprire,
e sarebbe differente.

 
 

Vi è solo da pensare
che basterebbe aprire,

 
 

ed è differente.

 

4

 

Usare

 
 

quanto, in te,
altro non fa che assistere
a ciò che guardi

 
 

e che interesserà
ciò che potrei cavare
dallo spettacolo e più ancora.

 

Russian Winter – Ligachevo

 

5

 

Quanto vi è
di grigio nell’inverno,

 
 

ogni specie di grigio,
tutto quello che va

 
 

dal quasi bianco di certi angoli di cielo
al più cupo delle terre, delle lontananza, delle nubi.

 
 

Ogni giorno è ancora
per il mondo un modo

 
 

di provarsi eguale
a chi si crede pago

 
 

di non avere in sé
altro che lacerazioni,

 
 

e che sempre spera
vedersi senza troppo sforzo

 
 

presto rimodellato
sul suo nocciolo di gioia.

 

6

 

Anche l’inverno
ha cerniere.

 
 

Bisogna pur che ve ne siano
giacché si aprirà ogni cosa.

 
 

La terra ora un bel coprirsi
d’inverno per celarsi,

 
 

vi è luce di più tardi che s’addentra,
buio che ritorna al suo profondo.

 
 

Non sempre facile è celare
la forza e la certezza
che non sia finito.

 

Winter – Camille Pissarro

 

10

 

La primavera
ha nel cuculo il suo portavoce
al ritornar dei boschi dai primordi,

 
 

l’estate nella rondine
quando si impiglia nel tessuto del cielo,

 
 

e pur l’autunno nella rondine
quando le forbici ripone.

 
 

L’inverno ha i corvi stupefatti
essi stessi della loro presenza e

 
 

suggerenti che potrebbe essere peggio,
che i grigi potrebbero essere neri

 
 

come loro, ed è per questo forse
che hanno quel grido venuto da un tempo

 
 

fuori da ogni stagione

 

13

 

Per tutto vi è un tempo,
sembra dire la terra nell’inverno.

 
 

Non è ancora
il momento di abbracciarsi.

 
 

Accadrà quando l’acqua
sarà in grado di unirsi.

 
 

Tutti allora
devono partecipare.

 

15

 

Non vi è bisogno
di molto colore
nell’inverno, perché conti.

 
 

Basta una macchia, una striscia
di colore, purché non violenta.

 
 

E la salita si abbozza
e la verticale rivendica.

 
 

Un’orchestra
vuole accompagnare.

 

Winter Landscape – Paul Gauguin

 

16

 

Da dove
può venire la dolcezza
che pur dura

 
 

nell’inverno! A cosa
si deve?

 
 

Come arriva
nelle tinte che prende il cielo,
in quelle dei campi,
nell’inclinazione dei tetti,

 
 

nelle maniere loro
di rispondersi,

 
 

in quel sembrare contenti
i sentieri
di trovare un villaggio?

 

20

 

Ecco
più nulla so dell’inverno,
tagliato ne sono fuori.

 
 

Non vi è
che la stanza e il suo silenzio.

 
 

E forse
son collegati.

 
 

L’una e l’altro
riserve.

 
 

Io posso dirmi
che è una riserva l’inverno

 
 

e rileggermi
per saperne di più.
 

da Inverno
Eugène Guillevic
Ed. All’insegna del pesce d’oro, 1974

 

Pegasus – André Beaudin

 

“Dans le quotidien de la vie, je ne me présentais pas comme poète. Aux yeux de tous, j’étais un petit fonctionnaire.[…] Moi seul savais que j’avais à porter en moi cette étrangeté qui me forçait à écrire. En somme, c’était comme si constamment je nageais dans des eaux souterraines et que ma vie sociale était un périscope. Des labyrinthes me reliaient à ces eaux souterraines, et, dans cette espèce de mer intérieure, j’avais avec les choses des rapports passionnels, En moi, je continuais à vivre une épopée dont je ne connaissais pas l’issue et je faisais tout mon possible pour que cela soit mon secret.”
(Guillevic si racconta)

 

*

La poésie, c’est la recherche
Passionnelle et comblée

De quelque chose que l’on sait
Ne jamais atteindre.

 

*

Le poème
Nous met au monde.

 

*

Qui te dira
Si ton poème
Est poème?

S’il restera gravé
Dans l’espace durable
Où se tient le poème?

 

*

Ouvre tes mains pour voir
Si tu caresses quelque chose

Où va s’incarner
Le nouvel instant

Que tu épouseras
Durablement.

L’instant tel que jamais
Il n’y en eut.

 

Winter Landscape – Kazimir Malevich

 

Chant d’un mourant
 

Comme si c’était modeste
D’être un corps ensemble

Avec l’océan
Et avec l’instant,

De garder en soi
Enfin confondues

La verticale
Et l’horizontale.

*

Je viens des sources de la joie.
Je viens des sources de la nuit.

Je viens des sources de la joie :
Dans le gravier pur,
Dans la prairie verte,
J’emporte avec moi un monde d’oiseaux,
J’entraîne avec moi une chaîne de montagnes.
J’emporte avec moi le concert des merles
Des nids dans l’ombre des buissons.

*

Je viens des sources légères de la joie
Des sources bouillonnantes de la joie

Vers l’œuvre de Dieu
Vers le soleil du printemps
Vers la lande étalée
Vers les hauts genêts
Vers les rochers frais
Vers l’ombre des chênes.

Je vien aimer

*
L’oiseau blessé, l’ange qui perdait son sang
Disait :
Je me suis penché sur ce monde
Je suis venu témoigner d’ailleurs
On a secoué mes arbres en fleurs
On m’a regardé de près
Je suis blessé, mes ailes pendent.

*

Tout seul — environné de la terre étalée
Sans appui — centre d’un monde immense
Où les yeux fouillent —
À peine un homme…

Une vague de l’océan de
Dieu
Un épervier sur l’azur
La frondaison des montagnes
L’aube sur la mer.

*

Un ange plutôt
Dont les ailes sont l’horizon
dans le cristal diaphane de l’espace
Ou bien, tourné vers l’ombre —
Quoi de commun avec eux?
Un champ de rouge-gorge dans le désert

*
Sur moi les ailes des orfraies, l’ombre des ailes, nuages noirs, fumées d’usine — Me voici entre mes glauques statues défaites — devant mon destin — seul, abandonné. Mes larmes deviendront stalactites. Je serai pris dans la grotte humide très vieille — Vous veniez toutes vers moi et vous êtes toutes couchées, toutes débris. Sur les pentes des montagnes dévalent des ombres rondes. Tournez. Immense, d’une lourdeur de dolmen est cette douleur. Je pousserai pendant cent mille ans un « la » nocturne.

*

Contre la terre se serrent les navires et les bateaux
Contre moi se serrent le vent et le froid,
Les âmes et les fantômes
Au loin est la menace comme l’orage
Le plus sûr est en moi
Ce qui de moi-même était jusqu’à l’horizon
Et au-delà
Hésite.

*

Exaltation de la vie.
Élévation de ce filet de vie
Des doigts anxieux, des yeux à peine revenus
Exhausser cette vie.

Que nos buissons donnent de grosses fleurs rouges
Que le soir soit traversé d’oiseaux incandescents
Que la halte ait lieu dans les grottes prédestinées des cumulus
Que nous étudiions nos vertes frondaisons pleines de sève
et de promesses de fleurs

*

Il faut revenir exalter jusque-là
Ce mince filet de vie
Ou entrer dans le parc sans murs, sans grilles, sans limites,
Dans le royaume dont il n’est pas témoigné.

Il faut prendre avec amour dans ses paumes
Cet innocent filet de vie.

Attendre de devenir ange.
 

da Accorder: Poèmes 1933-1996
Eugène Guillevic

 

Les oiseux sêloignent – Andrė Beaudin

 

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Ecco due canzoni eseguite da Jeanne Moreau su diciassette testi di Guillevic. Les Chansons de Clarisse sono state ispirate da un personaggio di un romanzo di Elsa Triolet (Les Manigances: Journal d’une egöiste) e musicati da Philippe-Gérard .

 

 

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* in copertina
Yard at Winter –
Mikhail Vrubel